Télé et violence

Publié le par Gabrielle

Le sujet revient régulièrement sur la sellette. La télé rend-elle violent ? La télé a-t-elle sa part de responsabilité dans les passages à l’acte de type délictueux ou criminels ?

Des associations regroupant des familles mettent régulièrement en cause le rôle de la télé dans la violence actuelle. Est-ce une attitude de facilité ? une attitude qui feint d’ignorer d’autres facteurs, les carences éducatives, l’urbanisation, la situation sanitaire, l’insertion sociale, les conditions de vie, la précarité, le type d’habitat et d’autres encore ?

Est-ce qu’un pictogramme de prévention est une arme suffisante ou nous sert-il seulement de caution morale ?

Dans notre société où violence, chômage et sentiment d’insécurité sont des thèmes d’inquiétude bien naturels, il est humain de vouloir trouver un " coupable ", avec cette volonté naïve et têtue de détecter quelque part une causalité strictement linéaire : " trop " ou " beaucoup " de programmes violents à la télé, " voilà l’ennemi ! " pourrait-on être tenté de s’exclamer à la manière d’un Gambetta.

Pour rendre compte de crimes particulièrement sanglants autour du film " Scream " (1996), des journaux ont même utilisé le terme de " screaminalité ".

Les criminels eux-mêmes entrent dans ce qui ressemble à une tentative d’auto-justification: ainsi, Richard Durn, responsable de la tuerie de Nanterre de mars 2000, se compare au personnage incarné par Robert De Niro dans Taxi Driver de Martin Scorcese. Le film Tueurs nés, d’Oliver Stone, a également été évoqué par les deux jeunes qui ont abattu trois policiers et un chauffeur de taxi à Paris en octobre 1994, au terme d’une folle course-poursuite.

Où en sont les études actuelles qui analyse l’impact des images violentes de la télé sur les actes de violence ?

Celles-ci s’étalent sur 50 ans et concernent des centaines de millier s de sujets. Il est aujourd’hui possible de voir si leurs conclusions convergent ou non.

Les équipes de chercheurs déploient, pour schématiser, 4 types de méthodes d’investigation auprès des personnes interrogées et observées :

  • - questionnaire sur les émissions regardées puis questionnaire sur les conduites violentes dont le sujet aurait été l’auteur (a-t-il frappé, insulté ?).

La moyenne des résultats révèle qu’un personne qui regarde des émissions violentes a entre 1 et 9% de comportements violents de plus que les autres.

  • - mise en relation du temps passé devant des émissions violentes et fréquence des actes violents, par une étude longitudinale sur des enfants jusqu’à 19 ans.

Il se dégage des résultats que la probabilité de se comporter de façon violente à l’adolescence augmente avec le temps passé devant des émissions violentes.

  • - expérimentations en laboratoire : comparaison du comportement éventuellement agressif d'un groupe à qui l’on projette un film violent à celui d’un groupe témoin ayant vu un film " neutre ".
  • - expérimentation sur une aire géographique, avant et après l’introduction de la télé.

Si on fait converger les résultats de ces différentes études et méthodes, on parvient à la conclusion que la télévision et ses images violentes ont un impact sur le comportement des personnes. Ainsi, la psychologue Susan Hearold s’est attelée à la tâche de comparer les résultats de 230 études qui rassemblaient les données d’un échantillon de 100 000 personnes. Toutes constataient un lien entre comportement agressif et l’exposition à des scènes violentes.

Aujourd’hui, des chercheurs, au vu de tous ces résultats, estiment à 5 à 10% les actes violents dont on peut rendre " responsable " la télévision. C’est à la fois peu et beaucoup. Comment expliquer le passage à l’acte de certains, et pas d’autres ? Par quels mécanismes l’exposition à des images violentes rend-elle possible une attitude violente.

C’est ce que nous verrons dans un prochain billet.

Lien: violences à la télé et violences sociales

Publié dans psycho

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
H
Bonjour Gabrielle µ<br /> Je crois que d'essayer de diminuer le taux des séquences violentes à le TV est assez utopique. Je crois plutot à la valeur d'un processus éducatif actif. Je suis toujours étonné de voir qu'il y a peu de cours reprenant comme matière l'analyse de contenu et la critique des médias.<br /> A partir du moment ou l'on comprend les mécanismes du monde des médias, on commence alors a le voir de manière plus extérieure, plus réaliste. On comprend que les séquences présentées ne dépendent que du type d'audiance a capter à un moment X.<br /> Le rôle des parents est aussi prépondérant en orientant le choix des programmes.... Le choix des jeux vidéos est aussi problématique dans le cadre de la violence.
Répondre